Futures past… — and to come?

Patrick O’Donovan

ADEFFI, UCD, October 2018

The return to May ’68

Cette fièvre de retours, sans doute ne puis-je ici que la précéder, mais en ayant tenté, et ce sera ma présomption — ou mon excuse — de l’avoir quand même esquivée.

Jean-Christophe Bailly, Un arbre en mai

The future as site of risk

une tactique culturelle devient possible. Elle proportionne à des données mesurables un risque non mesurable — celui d’exister, qu’aucune idéologie des ‘valeurs’ ou de ‘l’Homme’ ne saurait couvrir. L’analyse et la pratique de l’innovation dans nos espaces construits ne touchent pas à l’essentiel, qui est aussi le plus fragile: un désir de vivre en perdant les assurances que multiplie chaque société — une folie d’être.

Michel de Certeau, La Culture au pluriel

Whose future?

Cependant on grandissait tranquillement. Bientôt on défilerait tout en blanc dans les rues sous les acclamations lors de la première fête de la Jeunesse, jusqu’au champ de courses où, entre le ciel et l’herbe mouillée, on exécuterait sur la musique hurlante des haut-parleurs le « mouvement d’ensemble » dans une impression de grandeur et de solitude.

Whose future?

Les discours disaient qu’on représentait l’avenir.

Annie Ernaux, Les Années

Not before time

Le printemps de 1967. Les pelouses de la Cité universitaire. Le parc Montsouris. À midi, les ouvriers de la Snecma fréquentaient le café, au bas de l’immeuble. La place des Peupliers, l’après-midi de juin où j’ai appris qu’ils acceptaient mon premier livre.

Not before time

Ce soir-là, je m’étais senti léger pour la première fois de ma vie. La menace qui pesait sur moi pendant toutes ces années, me contraignant à être sans cesse sur le qui-vive, s’était dissipée dans l’air de Paris. J’avais pris le large avant que le ponton vermoulu ne s’écroule. Il était temps.

Patrick Modiano, Un pedigree

Belatedness

J’avais découvert dans sa bibliothèque, quelques années auparavant, certains ouvrages d’auteurs antisémites parus dans les années quarante […] Moi, je voulais dans mon premier livre répondre à tous ces gens dont les insultes m’avaient blessé à cause de mon père. Et, sur le terrain de la prose française, leur river une fois pour toutes leur clou.

Belatedness

Je sens bien aujourd’hui la naïveté enfantine de mon projet: la plupart de ces auteurs avaient disparu, fusillés, exilés, gâteux ou morts de vieillesse. Oui, malheureusement, je venais trop tard.

Patrick Modiano, Dora Bruder

The future is a void

C’est donc aujourd’hui. […] quelque chose glisse là, maintenant, d’insaisissable, et qui me fait passer de la présence possible d’hier à l’absence définitive de demain. Ce jour est la charnière du passé et de l’avenir. C’est comme la mort. (Même sentiment à la mort de mon père et de ma mère, plus tard: écrire pour joindre le jour où je l’avais vue vivante à celui où elle était morte.)

Annie Ernaux, Se perdre

Unimaginable

L’avenir est trop immense pour qu’elle l’imagine, il arrivera, c’est tout.

Annie Ernaux, Les Années

Eternal spring?

Un grave penseur a suggéré que l’âge adulte ne sert à rien qu’à exaucer les désirs irréalisés de l’enfance. La nôtre a coïncidé avec le grand aggiornamento du début de la deuxième moitié du siècle dernier, le printemps du monde auquel a succédé, très vite, l’automne qui pèse toujours sur la terre.

Eternal spring?

Le sort, les puissances occultes ont désigné Jean-Paul, qui s’est mis aussitôt en chemin. Il n’était plus que de le suivre. Mais l’aventure était à ce point déconcertante et neuve que ses échos roulent toujours plus d’un demi-siècle plus tard, ce qui explique ce besoin d’y revenir, cette correspondance.

Pierre Bergounioux and Jean-Paul Michel, Correspondance: 1981–2017

No future?

C’est à chacun d’entre nous […] d’inventer et de faire prospérer les modes de conciliation et les types de pression capables de conduire à une universalité nouvelle […] dans l’espoir de conjurer l’échéance lointaine à laquelle, avec l’extinction de notre espèce, le prix de la passivité serait payé d’une autre manière: en abandonnant au cosmos une nature devenue orpheline de ses rapporteurs parce qu’ils n’avaient pas su lui concéder de véritables moyens d’expression.

Philippe Descola, Par-delà nature et culture